vendredi 23 décembre 2016

Visite d'Etat de Macky Sall en France: Quand le Présiident nourrit le néocolonialisme

François Holland et Macky Sall
Le journaliste et formateur au Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI), Mame Less Camara assimile la visite d'Etat du Président Macky Sall en France et les nombreux contrats signés en faveur de la France à la colonisation. Selon l'éminent journaliste et analyste politique, "l'histoire du vieux nègre et la médaille est toujours en marche entre le Sénégal et la France".
Une vérité absolue cher doyen.
Cette visite n’honore pas le Sénégal. Elle est à la limite honteuse. Une visite d'Etat à mon entendement c'est très sérieux et devait honorer notre pays et son chef , mais on envoie un simple ministre pour accueillir notre Président qui a mobilisé toute la République pour venir sauver des emplois en France économiquement malade. Maintenant la France n'a même plus besoins de venir chez nous chercher des contrats, mais on vient les lui offrir sur un plateau d'argent chez elle aux frais du contribuables sénégalais. Les récentes découvertes de pétrole qui ont fini de faire le Sénégal un "gâteau à partager", méritent quelques interrogations. Où était TOTAL au moment où les autres entreprises prenaient des risques en investissant dans la recherche de pétrole au Sénégal? Pourquoi cette entreprise qui domine le secteur des hydrocarbures dans notre pays a attendu les découvertes pour prendre tranquillement sa part sans appel d'offre ni concurrence?
Le Président et ses partisans se félicitent depuis des semaines du fait que Macky effectue une visite d'Etat en France ce que Wade n'avait pas eu. Oui, c'est normal, car malgré les dérives du régime d'Abdoulaye Wade, il avait au moins le courage de défendre les intérêts du Sénégal face aux puissances prédatrices. Il avait réussi à diversifier les partenaires du Sénégal. C'est bien sûr lui qui avait mis fin à l'hégémonie du "tout puissant homme d'affaire français" Vincent Bolloré au port autonome de Dakar l'un des premières ressources économiques du pays. Bref avec lui au moins le Sénégal était libre de faire des affaires avec qui il veut.
L'espoir déçu!
En 2012, les sénégalais ont élu massivement l'actuel Président en espérant un changement dans tous les domaines. L'espoir était autant plus grand que les politologues, historiens, bref "les intellectuels médiatiques" pour reprendre le célèbre sociologue français Pierre Bourdieu nous rappelaient chaque jour qu'il est né après les indépendances. Ils nous faisaient croire qu'avec lui, c'est fini avec les mentalités coloniales et le néocolonialisme. Mais hélas, le résultat parle de lui même. Non seulement Bolloré l'un des symbole de la domination française est revenu au port de Dakar, on n'ose pratiquement plus faire des affaires avec les autres pays. C'est le résultat de notre "jeune Président décomplexé".
Pauvre Afrique!
Le Sénégal, La Guinée, Le Cameroun, La Côte d'ivoire, le Gabon, le Congo Brazzaville, le Tchad, bref l'Afrique Francophone est mal barrée avec ses dirigeants au service des intérêts étrangers. Ces pays ont de commun d'avoir été colonisés par la France et refusé de se libérer de ce pays.
                                                                                                 
                                                                                                     ABDOURAHIM BARRY

vendredi 26 août 2016

PILLAGE DES FORETS DE LA CASAMANCE: Le crime continue sous un silence coupable de l'Etat

Après le show médiatique effectué par les ministres de l'intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, de la défense Augustin Tinie et celui de l'environnnement Abdoulaye Bibi Baldé dans le département de Médina Yéro Foullah (MYF), le pillage de l'une des dernières forêts du Sénégal continue dans le silence. La Chine en complicité avec la Gambie détruit impunément notre forêt pour satisfaire le besoins de ses 1,3 milliards d'habitants en meubles. L'écologiste, Ali Haïdar disait que si l'Etat lui donnait trois pick-up et une autorisation, il allait arrêter le phénomène en trois mois. Mais pourquoi l'Etat qui dispose tous les moyens n'arrive pas à mettre fin à ce drame depuis 5 ans? En passant une journée entière avec les coupeurs, j'ai constaté l’ampleur de la catastrophe. Sur des dizaines de km, on ne peut plus trouver le bois de vène. Cet arbre si utile pour la nourriture du bétail pendant la saison sèche est en voie de disparition. "Nos enfants ne connaitront pas cet arbre), me disait un vieux car les coupeurs ne laissent rien sur leur passage. Des coupeurs venus des autres régions du Sénégal (Sine, Saloum, Tambacounda ...), de la Gambie s'ajoutent aux populations locales. Des centaines de charrettes transportent des troncs d'arbre dont les prix varient entre 50 mille et 100 milles francs CFA une fois dans le territoire gambien. Tout ça se passe avec un vaste réseau de corruption. Selon les populations locales, certains agents des eaux et forêts s'enrichissent plus que les coupeurs grâce à la corruption. Lors de notre séjour à Bajul, capitale de la Gambie, nous avons vu des dizaines de dépôts de ce bois avec des ouvriers qui remplissent les conteneurs en destination de la Chine. Personnellement, je pense que l'Etat ne fait pas assez pour protéger cette partie du Sénégal. Face au silence "coupable" de l'Etat du Sénégal, le sang de ces arbres innocents continue de couler dans le silence. Le désert est plus que bienvenue dans ce qu'on appelle la verte Casamance.

                                                                                                     ABDOURAHIM BARRY

mardi 28 juin 2016

MAMADOU SANOUSSY BA, COORDONNATEUR DE LA PHILOSOPHIE AU LYCEE SEYDINA ISSA LAHI EX-LPA: ‘’Il n’y a pas de sujets abordables, aujourd’hui’’


Mamadou Sanoussy Bâ


Le professeur Philosophie au Lycée Seydina Issa Lahi, Mamadou Sanoussy Ba, passe en revue, dans cet entretien,  les sujets des anticipées de Philosophie et donne des éléments de réponse. Surtout, il s’émeut du niveau extrêmement faible des élèves en langue. Une donne qui fait que les sujets, quels qu’ils soient, sont difficile pour les candidats.

 Le premier sujet des épreuves anticipées de Philosophie pour les séries L est : « L’objectivité n’est-elle qu’un idéal ? ». Qu’est-ce qu’on attend du candidat avec ce sujet ?
On pose à l’élève une question : l’objectivité n’est-elle qu’un idéal ? C’est-à-dire, on lui demande de réfléchir sur une dimension de la science de façon générale. Comme j’ai l’habitude de l’enseigner aux élèves, toutes les caractéristiques du mot science, moi je les résume dans le mot amour. A comme activité, M comme méthodologie, O comme objectivité, U comme universalité et R comme rationalité. Alors, si je leur demande de réfléchir sur l’objectivité, il y a deux choses auxquelles l’élève doit penser.
D’abord, dans une sorte de thèse. Il doit montrer que la science, ce n’est pas une religion. Elle n’est pas la Bible, ni le Coran. Cela veut dire que contrairement à une idée largement partagée, les vérités scientifiques ne sont pas forcément canoniques. Je veux dire qu’elles ne sont pas forcément uniques, universelles et définitives. Les vérités scientifiques, comme l’ont montré beaucoup de penseurs comme Karl Popper, Souleymane Bachir Diagne, Mame Moussé Diagne et d’autres, sont des vérités qui, avec le temps et l’espace, peuvent être remises en cause. Des vérités qui peuvent être rejetées ou à la limite rectifiées. Ça l’élève doit en parler dans une thèse.
Mais dans une sorte d’antithèse aussi, il doit montrer que contrairement à la Philosophie, l’objectivité scientifique n’est pas un idéal, mais c’est une réalité. Parce qu’il y a de grandes vérités qui sont établies aujourd’hui par la science de façon objective. Cela veut dire que le scientifique est capable, contrairement à la subjectivité philosophique, de prendre une distance par rapport à son objet qu’il étudie. Et justement de proposer un savoir qui est, comme le dit André Lalande, une conclusion concordante et partagée par tous les spécialistes, quels que soient leurs milieux. C’est ça qu’on attend de l’élève. Il doit interroger la notion d’objectivité. Montrer ses limites dans la science, parce qu’elle est une œuvre humaine. Montrer en même temps que l’objectivité est possible, parce que la science vérifie et réussit des vérités universelles.
Et le sujet 2 : « Peut-on dire de l’art qu’il dépasse la raison ? » 
L’art et l’esthétique, c’est la dernière partie du programme. Voilà le problème qui est posé. Parce que, de manière générale, on apprend aux élèves que l’art est une activité qui vise le beau. Alors en tant qu’activité humaine, il y a un débat au niveau de la Philosophie. Cela veut dire que l’élève doit d’abord comprendre que le problème qui se pose est le suivant : quelle est la nature de l’art ? Quel est l’orientation qu’il faut donner au beau ? Est-ce qu’il doit être un déploiement rationnel ? Est-ce que l’homme doit par sa raison produire des œuvres d’art qu’il peut partager avec l’ensemble de l’humanité ? Ou bien l’art est une sorte d’aventure comme en religion ou en métaphysique.
C’est le cœur qui comprend la réalité et la transmet dans une chanson, dans une peinture etc. L’élève doit comprendre que c’est un sujet dialectique.  Avec des arguments solides, il doit montrer, d’une part, qu’il y a une démarche rationnelle dans le travail de l’artiste qui qu’il soit. Je ne peux pas parler de sentiment, mais de sensibilité cordiale. Quand on fait de l’art, toute la dimension de notre humanité, toutes nos facultés, la raison, la foi sont interrogées. D’une part, l’art ne peut pas dépasser la raison, car il y a des artistes qui, au nom de la raison, ont produit des choses qui restent immortelles. Il y a aussi des artistes qui ont ouvert leur cœur pour exprimer une certaine réalité.
Est-ce que, dans l’ensemble, les sujets sont abordables ?
A mon avis, les sujets sont difficiles. Il faut que les gens sachent une chose : le problème de la philosophie n’est pas lié à l’enseignement de la matière elle-même. C’est lié au problème de l’instrument de la langue. Aucun sujet ne peut être abordable devant un élève qui a un niveau extrêmement faible. C’est comme si vous prenez un journaliste ou n’importe quel individu qui n’a pas fait une formation et qui a un niveau de langue très faible et vous lui demandez de produire un article. Il ne peut pas le faire. Moi, je l’ai dit, il y a quelques jours.
Quand la langue française est enrhumée, toutes les autres matières toussent. Il n’y a pas de sujets abordables, aujourd’hui. Car, justement les élèves sont devenus des marchands de fautes et des commerçants d’impression. Ils ignorent les règles les plus élémentaires. Ils ne savent pas accorder les adjectifs qualificatifs. Ils ne peuvent pas écrire les mots les plus simples. Comment voulez-vous qu’on réfléchisse en Philosophie dans une langue que vous massacrez. C’est ça le problème qu’il faut poser.
Le niveau des élèves en Philosophie, de manière générale, est très mauvais. Il va devenir exécrable. La raison est qu’on commence la Philo en Terminale. Deuxièmement, c’est le problème de la langue. Il y a des stagiaires qu’on nous envoie qui vont devenir professeurs de Philo dans deux ou trois ans. Quand ils viennent en classe, ils craquent. Ils ne sont pas respectés par les élèves, car ils ne parlent pas correctement le français.   
 A ce problème précis, quelle serait donc la solution ?
La solution tout le monde le sait. C’est un problème de système. Les spécialistes le savent. Il faut retourner à la pureté de la langue. Par exemple, les professeurs de français demandent qu’on réintègre l’étude de la Grammaire et la Conjugaison au lycée. Quand des élèves de Terminale ne savent plus conjuguer un verbe au présent de l’indicatif, il est normal qu’on retourne à l’école, avec la Conjugaison. Il faut repenser le système et arrêter de penser que l’enseignement c’est avoir cette psychologie de robot. C’est-à-dire qu’il faille former des ingénieurs, des aristocrates, etc. L’école, c’est une langue. Il faut faire de telle sorte qu’ils ne puissent pas passer en classe supérieure avec un mauvais niveau de langue. Il faut être exigeant avec la langue, à mon avis.
                                                                                                                         Abdourahim Barry 


mardi 14 juin 2016

En mode « Wax Waxet

« Défions-nous de qui promet s'il ne promet pas aussi de tenir sa promesse ». Cette citation de Robert Sabatier tirée de son livre, De la déraison souriante, 1991 pose la problématique du respect de la parole donnée. Elle nous apprend qu’il n’est pas une science exacte. Le revirement du Chef de l’Etat Maky Sall concernant la réduction de son mandat en cours a suscité une indignation chez bon nombre de sénégalais. Chacun y va de son interprétation personnelle. En écoutant les opposants de Macky, on a l’impression que le respect de la parole donnée est une valeur inviolable partagée par tous les citoyens. Ils accusent l’actuel chef de l’Etat comme son prédécesseur Abdoulaye Wade d’ailleurs d’avoir érigé le « Wax Waxat » (dire se dédire Ndlr)  en règle de gouvernance violant ainsi ce qui est «plus cher au peuple ». Mais dans son sermon du vendredi passé, l’Imam de la mosquée du Point E Ahmadou  Maktar Kanté a fait une remarque importante. En effet, l’islamologue tout en persistant sur l’importance de la parole donnée, a invité chacun à faire une autoévaluation pour vérifier s’il respects lui-même sa parole. Evidemment si  chaque sénégalais faisait son autoévaluation on se rendrait compte que beaucoup de gens s’érigent aujourd’hui en défenseurs de cette valeur, mais ils n‘honorent pas toujours leur promesse ou engagement. Combien de promesses non tenues tous les jours ? Certaines me diront que la parole du président est plus importante que celle d’un citoyen lambda, en n’oubliant que tous les engagements se valent. Chaque fois que quelqu’un trahit son engagement le perdant est frustré. Donc le respect de la parole donnée doit être effectif à tous les niveaux.
Aujourd’hui, il est regrettable de voir la politique qui est pourtant très noble réduite à des  débats de bas étage. L’impertinence des acteurs dans le discours et le comportement a fini de discrédité les politiciens de tout bord dans notre pays. Du côté du pouvoir comme de l’opposition si on observe le landerneau politique on se rend compte que ces hommes et femmes qui nous tympanisent sont tous guidés par leurs intérêts personnels. Par exemple le Président de la République a choisi depuis trois ans une commission chargée de réfléchir et de proposer des points de réformes. Celle-ci a sillonné le Sénégal durant trois années sous la direction du doyen Amadou Maktar Mbow. Au finish, elle a proposé presqu’une centaine d’articles fruit d’un « consensus national ». Mais tous ces efforts qui ont coûté des millions au contribuable sénégalais ont été mis de côté par Macky Sall pour se retrouver dans son bureau lui et ses conseiller et de nous proposer 15 points de réforme qui semblent défendre leurs intérêts du moment. Ses adversaires aussi obnubilés par le pouvoir voient la non réduction du mandat en cours comme la fin du monde ou la fin de toute possibilité d’accéder au pouvoir et d’en jouir. Voulant accéder aux privilèges coûte que coûte, les opposants ont choisi d’ignorer les autres quatorze points de la réforme constutionelle. « La promesse qu'il faut tenir sans cesse est celle d'être honnête homme », disait Jean-Jacques Rousseau  dans son ouvrage, Julie ou La nouvelle Héloïse paru en 1761. Honnêtement Macky a-t-il voulu respecter sa parole jusqu’au bout comme le soutiennent ses partisans ? Il est le seul à pouvoir répondre à cette interrogation. Ce qui est sûr, c’est qu’à travers cet acte, il vient de mettre une tache noire sur sa carrière politique.  

                                                                                   ABDOURAHIM BARRY
               

  

L’indiscipline en question


« La discipline est la mère de succès ». Cette citation d’Eschyle, tirée de son ouvrage intitulé,  Les Sept contre Thèbes, nous dit en long et en large sur l’importance de la discipline pour le progrès. L’Homo Senegalensis est malheureusement réputé pour son manque de discipline. Il s’y ajoute un manque de civisme notoire. Il suffit de sortir dans la rue pour le constater. «Fii mbed buur la » (la rue n’appartient à personne, Ndlr). Ce n’est pas pour rien que cette expression est devenue  très célébrée. Elle signifie dans la conscience collective que chacun peut faire ce qu’il veut dans la rue car, elle est la propriété de personne. Chacun est libre d’en faire ce que bon lui semble sans se soucier des autres. L’intérêt particulier et l’égoïsme priment sur le bien-être collectif et le vivre ensemble.  
Ainsi n’essayez surtout pas de conseiller un citoyen qui déverse par exemple des ordures ou des eaux usées dans la rue. Bien que l’acte étant  blâmable, il risque de vous répondre : « y a moom bed mi, walla sa baay » (la rue t’appartiens ou elle appartient à ton père) ? Le manqué de discipline et l’incivisme ont atteint leur paroxysme. La première qualité des pays émergents de l’Asie, est la discipline de ses citoyens, nous dit-on souvent. Mais chez nous, c’est le contraire. Ce qui certainement frappe un visiteur étranger à Dakar, c’est le comportement des populations dans les transports en commun. Les minibus au début bien organisés sont maintenant pires que les cars rapides. 
Malgré son interdiction, la surcharge est devenue la règle au vu et su de tout le monde y compris les forces de l’ordre chargées de sanctionner ces pratiques. Avec un simple billet de mille francs CFA, ils ferment les yeux. Conséquences, les accidents sont monnaie courante avec des centaines de  victimes. L’accident d’un bus surchargé causant la mort à huit personnes et des dizaines d’autres blessées la semaine dernière à l’entrée de Kaolack est une parfaite illustration.    
Du bateau le Joola avec ces près de 2 mille victimes au simple accident de voiture avec des blessures légères, le manque de discipline des chauffeurs est toujours pointé du doigt. On se rappelle encore ces deux sœurs venues de la France tuées dans un accident à cause d’un chauffard qui a voulu faire un demi-tour en pleine autoroute. Pour ne pas être taxé d’anti chauffeurs, intéressons-nous à d’autres secteurs sans mentionner le célèbre taximan qui a fait passer son véhicule sur la passerelle piéton.
Incontestablement, Dakar est l’une des capitales les plus salles. Tous les trottoirs sont transformés en marché par des marchands de tout genre. Ils salissent et font tout ce qu’ils veulent. « Dagnoun daan sounuu doole » (nous travaillons pour gagner honnêtement  notre vie, Ndlr). Soutenus, par une certaine classe politique démagogique cherchant à manipuler la question des marchands ambulants, la capitale sénégalaise a fini de devenir un bordel. Une poubelle à ciel ouvert.
« Dis mois quelle jeunesse tu as, je te dirais quel pays tu seras », aimait dire l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade. La jeunesse est-elle ex ante de reproche ? La réponse est négative. L’université  qui représente le Sénégal en miniature peut être considérée comme le point  culminant de l’indiscipline et l’incivisme. On se rappelle encore le décès de l’étudiant Saer Boye tué en 2014 lors d’une bagarre devant le restaurant Argentin suite à une dispute pour le respect du rang. A l’université, on est obligé de faire la queue pratiquement devant  tous les services. Mais malgré ce fait dû au surpeuplement de l’Ucad, beaucoup d’étudiants ne respectent jamais cette règle non écrite. Ils font le « dialgatiti » sans gêne devant leur camardes prétextant qu’ils ont cours.  Qui n’a pas cours à l’université ? Ces arguments mensongers sont souvent fournis pour justifier leur comportement inacceptable.
Devant les biens communs, chacun dit ce n’est pas mon affaire, c’est l’Etat qui paye. Il est fréquent d’entendre les étudiants dire : « nous sommes les futurs dirigeants de ce pays ». Mais osons le dire. Si c’est de ces jeunes qu’on attend le progrès, c’est mal partie pour le Sénégal.
                                                                                                                      Abdourahima Barry     


vendredi 20 mai 2016

FRONTIERES SENEGALO-GAMBIENNES: Vive le blocus malgré tout !


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Photo d'illustration
La décision unilatérale prise par le président de la République de Gambie d’augmenter les tarifs pour la traversée de son pays de « 4 mille à 400 mille francs CFA» a mis le feu aux poudres. Bientôt quatre mois que les frontières entre le Sénégal et la Gambie sont fermées. Depuis lors, les deux gouvernements réagissent par l’indifférence et le mépris. Après la tentative de négociation avortée suite à un faux bond de l’Etat Gambien, c’est le silence total des deux côtés. Le peuple gambien souffre du manque de certaines denrées et produits provenant du Sénégal, selon les médias. La partie sud du Sénégal en souffre autant. Pourtant, il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que les deux ennemis constituent le même peuple et le même pays. Donc cette « guerre » peut être qualifiée de fratricide. Malheureusement ce sont les pauvres citoyens des deux nations qui payent le prix. 
Au-delà de cette confrontation entre la Gambie que certains assimilent à « une banane dans la gueule du Sénégal » et son voisin, c’est l’intégration africaine qui pose problème. Nous sommes tentés d’emprunter cette formule à la mode au pays de Macky Sall, «Afrique dou dém » (l’Afrique n’ira nulle part, Ndlr) pour dire que cette situation est regrettable. Depuis 1963 avec la création de la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis Abeba en Ethiopie, il n’y a jamais eu une véritable intégration régionale ou sous régionale dans le continent noir. Les micros Etats ont toujours mis en avant leur soi-disant souveraineté. Sinon comment peut-on comprendre l’attitude de ce Yaya Jammeh. Il n’hésite pas à tenir des propos injurieux au peuple Sénégalais à travers ses dirigeants. Mais ce qui est révoltant dans tout ça, c’est le silence coupable des autorités sénégalaises.
Le journaliste et analyste politique, Yero Dia disait dans une interview, que le Sénégal se couvre constamment de déshonneur dans ses relations avec la Gambie. Selon lui, notre pays doit utiliser la force pour faire comprendre à son voisin « dictateur » que tout n’est pas permis. Cette position nous semble pertinente. En effet, le Sénégal a toujours ménagé le pays de Jammeh. Mais en retour ce dernier nargue nos dirigeants. Il manifeste son manque de considération et le mépris qu’il a envers eux. Sans aller à une confrontation armée ouverte, le Sénégal peut bel et bien utiliser la force pour faire revenir Jammeh à la raison. 
Aujourd’hui la riposte des chauffeurs sénégalais suite à l’augmentation des frais de transite par l’homme fort de Banjul est plus que salutaire. Après trois mois de fermeture de la frontière, les effets sont terribles côté gambien. Intransigeant au début, le « dictateur » de Canilai a été obligé de revenir sur sa décision en annulant l’augmentation. C’est bien lui aussi qui court actuellement derrière le gouvernement sénégalais pour négocier la réouverture des frontière entre les deux pays. Après trois mois de fermeture, la mesure commence à apporter ses fruits. Entre la pénurie de certains produits en Gambie comme le ciment, le béton, le carburant et l’augmentation des prix, le pays est au bord de « l’asphyxie économique ». Bravo les chauffeurs sénégalais ! Ils viennent de montrer à l’Etat qu’il est possible de faire plier le « tout puissant » dirigeant gambien. Le président de République et son gouvernement doivent donc soutenir les chauffeurs, principaux victimes des agissements de Yaya. Il faut maintenir le blocus pour le pousser jusqu’à son dernier retranchement pour qu’il respecte les sénégalais une fois pour toute.
Cette probable victoire du Sénégal sur Yaya Jammeh ne doit pas par contre faire oublier que la solution définitive du désenclavement de la Casamance ne se trouve pas sur la réouverture des frontières, ni sur la construction du fameux pont de Farafenny. Face à un Jammeh qui fait marche les relations entre le Sénégal et son pays, selon ses humeurs, on ne peut jamais compter sur la Gambie. Il faut impérativement construire une voie de contournement digne de ce nom. Vu l’importance de cette région du sud dans l’économie nationale, elle mérite au moins une autoroute pour la relier avec la capitale. Comme disait Frantz Fanon, « chaque génération a une mission. Soit elle la remplie ou la trahie ». Donc nos dirigeants sont en face de leur responsabilité historique. 
                                                                                                    Abdourahim BARRY

mercredi 11 mai 2016

CRISE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR: Le Recteur fait le procès de l’Ucad

La crise du Système éducatif est très complexe et profonde. Pour trouver des solutions à ce problème qui n’a que trop duré, le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar estime que le contenu des enseignements dans nos universités est depuis longtemps dépassé, d’où la nécessité des réformes.
Ibrahima Thiuob, Photo Illustration
 ‘’Apprendre en travaillant’’, c’est la vision qu’a le Recteur de l’Ucad, de son institution. Animant une conférence sur le thème ‘’vision et défis de l’Ucad’’, le professeur Ibrahima Thioub a fait un diagnostic sans complaisance de l’Université. Ce qu’on retient de cette rencontre organisée par la Coordination des étudiants catholiques de Dakar, à l’église Saint Dominique, c’est qu’une réforme du système éducatif en général et l’université en particulier s’impose. Ainsi le recteur Thioub a touché à tous les maux de son établissement. Selon lui, malgré la multiplication des collèges et lycées de proximité, l’Ucad continue de procurer un enseignement classique. La prolifération de ces établissements scolaires n’a pas été suivie par une formation d’un personnel enseignant de qualité. Ce qui a comme conséquence une baisse drastique du niveau des bacheliers qui arrivent à l’université.
Un autre problème soulevé par le conférencier est le contenu des cours qu’on dispense dans nos universités. Il est pratiquement en déphasage avec les besoins du marché. Il estime qu’aujourd’hui, l’enseignement doit répondre à des questions concrètes et non théoriques. ‘’On enseigne comme si tous les bacheliers devaient aller jusqu’à soutenir une thèse de doctorat. Nous continuons à rassembler des milliers d’étudiants dans des amphis carrelés sans jamais mettre la main à la pâte. Il faut allier formation théorique et pratique’’, a dit l’historien. Convaincu que l’université doit aider à régler des problèmes concrets qui se pose à la société, il rassure que les réformes entreprises depuis quelques années vont dans ce sens. Il pense que seule la professionnalisation de la formation à l’université avec de bons chercheurs peut résoudre les nombreux problèmes dont souffre l’Ucad.
‘’Le taux de réussite au premier et second cycle tourne autour de 30%. Entre 60 et 70% des bacheliers entrent et sortent de l’université sans aucune qualification, ni diplôme. Il ne faut pas dire que le niveau de nos bacheliers est faible et qu’ils doivent échouer, mais leur chercher une formation adéquate, adaptée, à courte durée, leur permettant de travailler’’, a-t-il rappelé pour souligner l’état préoccupant de l’Ucad.
‘’Haro sur le xar màtt’’
Dans un contexte de crise du système éducatif, de l’élémentaire à l’université, Ibrahima Thioub estime que les causes sont nombreuses et profondes. Selon lui, tout est parti avec l’élimination des écoles normales supérieures qui formaient des instituteurs d’excellent niveau et les ajustements structurels qui ont en drainé des recrutements clientélistes et d’enseignants non formés. Ce manque de formation continue jusqu’à présent dans les établissements d’enseignement supérieur.
Il estime que ceux qui enseignent dans le supérieur doivent être formés au même titre que ceux qui interviennent au niveau scolaire. Il a aussi déploré ce qu’il appelle le manque d’effectivité des enseignements. ‘’Il y a beaucoup d’enseignants qui sont coupés entre le privé et le public à travers le fameux ‘’xar màtt‘’, ce qui ne contribue pas à l’amélioration de la situation’’, dénonce le Pr Thioub. Dans cette liste non exhaustive des maux de l’Ucad et l’enseignement en général, les syndicats jouent un rôle capital. Selon l’enseignant, la multiplication des syndicats et la banalisation de la grève a fini de mettre au chaos le système éducatif à tous les niveaux. Il pense que la grève doit être une bombe atomique des enseignants. Autrement dit, elle (la grève) doit être utilisée en dernier recours.
 Malgré ces nombreuses difficultés, le Recteur a invité les étudiants à garder la confiance envers l’Ucad qui est la première université francophone au sud du Sahara. Il y a plusieurs projets pour renverser la situation actuelle. Il a conclu son propos en s’adressant aux étudiants en ces termes : ‘’Soyez fiers de votre université car elle est la seule au monde qui a formé 4 chefs d’Etat et qui ont exercé en même temps le pouvoir (Michel Kafando, Macky Sall, Thomas Yayi Boni et Ibrahima Boubacar Keïta).           
                                                                                                                Abourahim Barry 

lundi 9 mai 2016

MENACE TERRORISTE AU SENEGAL: Les précisions de James Zumwalt



L’Ambassade des Etats-Unis n’a jamais dit que le Sénégal est dans le viseur des groupes terroristes après la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Invité hier à s’entretenir avec les étudiants du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), dans le cadre des ‘’Carrefours d’actualité’’, son excellence James Zumwalt a qualifié ces informations de rumeurs. ‘’Après les attaques dans les pays de la sous-région notamment en Côte d’Ivoire, il y a beaucoup de rumeurs dans les médias en disant que l’Ambassade des Etats-Unis au Sénégal a alerté sur une attaque imminente au Sénégal.
C’est faux. Vous êtes des journalistes. S’il y a une information nous concernant, il faut la vérifier auprès de nous’’, a rappelé l’Ambassadeur aux journalistes en herbe tout en soulignant que le terrorisme n’a pas de frontière et donc, il n’épargne aucun pays. Cette mise au point faite, le diplomate américain est revenu sur la coopération bilatérale entre son pays et le Sénégal, la démocratie et les droits de l’Homme. En poste au Sénégal depuis le 9 janvier 2015,  James Zumwalt a magnifié le ‘’modèle démocratique’’ que constitue notre pays pour le continent africain
                                                                                                      ABDOURAHIM BARRY

ELIM. CAN 2017 - MATCH RETOUR BURUNDI - SENEGAL DU 4 MAI PROCHAIN: Aliou Cissé dénonce la tenue de la rencontre hors de Bujumbura

9063274-14406356.jpg (931×554)Le sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal, Aliou Cissé, estime que la délocalisation du match retour Burundi-Sénégal, comptant pour la 5e journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2017 au Gabon, à Rumonge, est inadmissible. Malgré tout, il dit que ses joueurs et lui sont prêts pour la confrontation.

‘’Nous faire jouer à Rumonge à 70 km de Bujumbura, dans un pays instable, je le trouve inadmissible. Et il faut le dénoncer très fort’’. C’est la réaction du sélectionneur national Aliou Cissé, par rapport à la décision des autorités burundaises de faire jouer le match retour devant opposer leur équipe à celle du Sénégal le 4 juin prochain à Rumonge au lieu de Bujumbura. D’ailleurs, selon le journal sportif ‘’Stades’’ (dans l’édition de mercredi et jeudi), la Fédération sénégalaise de football (FSF) compte saisir la Confédération africaine de football (Caf) pour obtenir l’annulation de ce choix.
L’invité de Carrefour d’actualité, mercredi dernier, au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), n’a pas hésité à dénoncer les conditions dans lesquelles se tiendra cette rencontre comptant pour la 5journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2017 au Gabon. Malgré ses appréhensions, le coach se dit confiant et rassuré par l’état d’esprit de ses joueurs. Selon lui, depuis le début des qualifications, l’équipe nationale a eu à jouer dans des conditions très pénibles. ‘’Ce groupe, je l’ai toujours dit, c’est une poule difficile. Par exemple, pour aller jouer à Windhoek, on a fait jusqu’à 14 heures de vol. On s’apprête aussi à faire un déplacement difficile pour aller dans un pays instable où il n’y a pas assez de sécurité. Mais il n’y a pas de souci. Les garçons sont mentalement prêts. Peu importe où ils vont nous faire jouer, nous allons tout faire pour avoir le meilleur résultat possible’’, a rassuré le sélectionneur.
L’ancien capitaine des Lions se veut prudent malgré le grand pas effectué par le Sénégal vers la qualification. ‘’Je n’aime pas me projeter sur la Can, car quoi qu’on dise, on n’est pas encore qualifié. Il nous reste encore un point malgré ce que disent les gens. Mais aujourd’hui, on ne peut pas se projeter tant qu’on n’est pas définitivement qualifié’’, a-t-il répondu aux interpellations des journalistes en herbe sur ses ambitions concernant la Can 2017.
La rencontre, axée sur le thème ‘’le football sénégalais : quelles perspectives ? ‘’, a enregistré la présence d’universitaires et beaucoup d’anciennes gloires du ballon rond. Le constat général de tous les participants est que le football sénégalais est malade de plusieurs maux. En guise de solutions, l’ancien président de la FSF, El Hadji Malick Sy ‘’Souris’’, estime qu’il faut réintroduire le sport à l’école. Selon lui, il faut qu’on arrête d’aller chercher des messies à l’étranger pour diriger nos équipes. Quant au championnat local, ‘’nous n’avons pas un vrai football professionnel. Il faut donc réfléchir sur un nouveau modèle économique et sportif’’, a-t-il préconisé. Passionné de foot, le chercheur en Histoire des Noirs et Docteur en mathématiques, Oumar Dioum, lui, invite les acteurs à impliquer les anciens. ‘’La promotion du football local est une question si importante, parce que créatrice d’emplois’’, a dit l’auteur du livre ‘’Lumière noire de l’humanité’’ qui préconise la tenue d’un ‘’cercle de réflexion’’ sur le football.  
                                                                                                                    ABDOURAHIM BARRY 

lundi 18 avril 2016

CRISE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR: Le Recteur fait le procès de l’Ucad

La crise du Système éducatif est très complexe et profonde. Pour trouver des solutions à ce problème qui n’a que trop duré, le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar estime que le contenu des enseignements dans nos universités est depuis longtemps dépassé, d’où la nécessité des réformes.

Professeur Ibrahima Thioub

   ‘’Apprendre en travaillant’’, c’est la vision qu’a le Recteur de l’Ucad, de son institution. Animant une conférence sur le thème ‘’vision et défis de l’Ucad’’, le professeur Ibrahima Thioub a fait un diagnostic sans complaisance de l’Université. Ce qu’on retient de cette rencontre organisée par la Coordination des étudiants catholiques de Dakar, à l’église Saint Dominique, c’est qu’une réforme du système éducatif en général et l’université en particulier s’impose. Ainsi le recteur Thioub a touché à tous les maux de son établissement. Selon lui, malgré la multiplication des collèges et lycées de proximité, l’Ucad continue de procurer un enseignement classique. La prolifération de ces établissements scolaires n’a pas été suivie par une formation d’un personnel enseignant de qualité. Ce qui a comme conséquence une baisse drastique du niveau des bacheliers qui arrivent à l’université.
Un autre problème soulevé par le conférencier est le contenu des cours qu’on dispense dans nos universités. Il est pratiquement en déphasage avec les besoins du marché. Il estime qu’aujourd’hui, l’enseignement doit répondre à des questions concrètes et non théoriques. ‘’On enseigne comme si tous les bacheliers devaient aller jusqu’à soutenir une thèse de doctorat. Nous continuons à rassembler des milliers d’étudiants dans des amphis carrelés sans jamais mettre la main à la pâte. Il faut allier formation théorique et pratique’’, a dit l’historien. Convaincu que l’université doit aider à régler des problèmes concrets qui se pose à la société, il rassure que les réformes entreprises depuis quelques années vont dans ce sens. Il pense que seule la professionnalisation de la formation à l’université avec de bons chercheurs peut résoudre les nombreux problèmes dont souffre l’Ucad.
‘’Le taux de réussite au premier et second cycle tourne autour de 30%. Entre 60 et 70% des bacheliers entrent et sortent de l’université sans aucune qualification, ni diplôme. Il ne faut pas dire que le niveau de nos bacheliers est faible et qu’ils doivent échouer, mais leur chercher une formation adéquate, adaptée, à courte durée, leur permettant de travailler’’, a-t-il rappelé pour souligner l’état préoccupant de l’Ucad.
                                                     ‘’Haro sur le xar màtt’’
Dans un contexte de crise du système éducatif, de l’élémentaire à l’université, Ibrahima Thioub estime que les causes sont nombreuses et profondes. Selon lui, tout est parti avec l’élimination des écoles normales supérieures qui formaient des instituteurs d’excellent niveau et les ajustements structurels qui ont en drainé des recrutements clientélistes et d’enseignants non formés. Ce manque de formation continue jusqu’à présent dans les établissements d’enseignement supérieur.
Il estime que ceux qui enseignent dans le supérieur doivent être formés au même titre que ceux qui interviennent au niveau scolaire. Il a aussi déploré ce qu’il appelle le manque d’effectivité des enseignements. ‘’Il y a beaucoup d’enseignants qui sont coupés entre le privé et le public à travers le fameux ‘’xar màtt‘’, ce qui ne contribue pas à l’amélioration de la situation’’, dénonce le Pr Thioub. Dans cette liste non exhaustive des maux de l’Ucad et l’enseignement en général, les syndicats jouent un rôle capital. Selon l’enseignant, la multiplication des syndicats et la banalisation de la grève a fini de mettre au chaos le système éducatif à tous les niveaux. Il pense que la grève doit être une bombe atomique des enseignants. Autrement dit, elle (la grève) doit être utilisée en dernier recours.
 Malgré ces nombreuses difficultés, le Recteur a invité les étudiants à garder la confiance envers l’Ucad qui est la première université francophone au sud du Sahara. Il y a plusieurs projets pour renverser la situation actuelle. Il a conclu son propos en s’adressant aux étudiants en ces termes : ‘’Soyez fiers de votre université car elle est la seule au monde qui a formé 4 chefs d’Etat et qui ont exercé en même temps le pouvoir (Michel Kafando, Macky Sall, Thomas Yayi Boni et Ibrahima Boubacar Keïta).          
                                                                                                                  Abourahim Barry 

mardi 12 avril 2016

CARTE POSTALE: Djilor dévoile ses mystères

Djilor, localité mythique dans le Sine, et véritable lieu de naissance de Senghor, exhale le parfum envoûtant du royaume d’enfance. Reportage.

Arrivé à Ndiosmone sur la Nationale 1, le visiteur prend la route à droite. Elle mène vers un endroit assez particulier. Le ‘‘royaume d’enfance’’ du premier président du Sénégal indépendant. Sous un soleil de plomb, le bus parcourt la « savane ». Au milieu d’un paysage jaunâtre, symbole de la saison sèche, on croise des troupeaux de ruminants par endroits à la recherche de pâturages.
Dans ce milieu quasi-désertique, les plantations d’anacarde et de manguiers surgissent comme des oasis. Après le long et difficile voyage, voilà que Djilor se découvre. Un grand village perdu au milieu de l’ancien royaume du Sine. Des palissades en tiges de mil et les cases en paille contrastent avec les bâtiments en dur. Ici, la modernité côtoie la tradition avec notamment l’accès des populations à l’eau et l’électricité.
Situé dans la région de Fatick au bord du bras de mer du delta du Sine Saloum, Djilor offre un paysage magnifique. Les principales activités de cette localité, comme toute la zone du reste, sont l’agriculture, la pêche et le tourisme.
Contrairement à beaucoup de zones touristiques, Djilor connaît un léger mieux, sauf pour les petits exploitants. Selon les acteurs sur place, les petits hôtels et les campements rencontrent quelques difficultés « Ça va mieux par rapport à l’année dernière. Mais on n’est pas toujours sorti d’affaire.  Je pense que le contexte n’est pas bon pour les hôteliers. On sent qu’il n’y a pas une politique favorable pour les hôteliers ou les touristes parce que, pour les mêmes prix, les gens vont au Maroc. Et là-bas, ils ont une qualité de service trois fois meilleure que chez nous », explique Mme Bèye gérante d’un campement. Selon elle, les grands établissements par contre ne se plaignent pas.  
Une visite de Djilor et de ses environs permet de mieux comprendre cette localité riche en histoire et symboles. Avant de commencer, notre guide précise que Djilor est le lieu de naissance du plus célèbre des poètes sénégalais, Léopold Sédar Senghor, contrairement à l’histoire officielle. « Senghor est né ici le 15 août 1906, mais il a été déclaré à Joal, lieu où son père avait un domicile », précise Djibril Faye.  Quand il raconte l’histoire du village natal du poète, on a l’impression d’écouter un conteur émerveillé. Ici, l’animisme côtoie le christianisme et l’islam. Selon notre guide, la majeure partie des croyants, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, restent profondément ancrés dans leur croyances et pratiques animistes. « On trouve des cimetières et familles mixtes de catholiques et musulmans », lance Djibril.
A une heure de pirogue, nous voilà au village de Simal que chantait le fils de Diogoye. « Sur un rônier de Katamaguej’entends déjà les pilons de Simal », disait-il.  En visitant cette zone du Sine, on découvre combien l’ombre du Président-poète continue de peser sur l’histoire de toute une région. Pour rendre hommage à l’illustre fils du terroir, des stèles sont érigées en sa mémoire. Sur chacune d’elles, l’on peut lire des extraits de ses poèmes qui parlent de ce lieu qui l’a tant inspiré.
« Joal, je me rappelle »
 Au bord de l’étendue d’eau à perte de vue, se trouve une petite forêt très dense. Au milieu de ce bois sacré, entre le « puits des circoncis » où se fait l’initiation des jeunes Serères et les génies protecteurs que sont les géants fromagers, se trouve un sanctuaire islamique. À 5 mètres du bras de mer, un puits qui contient de l’eau douce et qui n’a « jamais tari depuis qu’El Hadji Oumar Foutiyou Tall a bu de son eau ». C’est lors de son passage ici qu’il a converti beaucoup d’animistes. Sa famille et ses disciples viennent encore y effectuer le pèlerinage. « Il y a des arbres protecteurs, même s’ils tombent personne, n’ose les toucher. « A Djilor, un serpent ne tue jamais une personne, et c’est connu de tout le monde », explique Djibril.
Pour clôturer notre visite, nous voilà à la maison natale de Senghor. Transformée en musée, elle garde son architecture initiale, malgré les nombreuses réfections. «Les bâtiments construits à l’époque par son père témoignent de sa descendance bourgeoise. Le fils de Diogoye Basile Senghor et de Gnilane Bakhoum est né ici et non à Joal », explique M. Diouf. Diogoye fut un riche commerçant moderne qui fréquentait les colons. A cause de ce statut dont il usait et abusait, il faisait peur à Djilor. Marié à 5 femmes, il avait 41 enfants. Dans son poème intitulé « Le retour de l’enfant prodigue », Senghor écrivait : « Vive la faillite du commerçant. (…) Je brûle le séco, la pyramide d’arachides dominant le pays. » Ces vers, selon le guide en éco-tourisme, sont la preuve de sa révolte contre les pratiques de son père qui abusait de sa puissance. Après cette visite au royaume senghorien, on peut dire que ce n’est pas par hasard que l’homme de culture est devenu poète. Le célèbre vers : « Joal, je me rappelle » aurait pu être, Djiolor je me rappelle. »  

                                                                                                                  Abdourahim Barry    


vendredi 18 mars 2016

PRESSE: Le constat alarmant du président du Cedps

Les entreprises de presse au Sénégal ne sont pas toutes viables économiquement, selon Mamadou Ibra Kane. L’administrateur du groupe Africome estime que la majorité d’entre elles sont confrontées à un problème de management et le traitement des journalistes reste à désirer.  
 Les patrons de presse ne sont pas des exemples, en matière de traitement des employés. C’est le constat de Mamadou Ibra Kane, nouveau président du conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cedps), par ailleurs administrateur du Groupe Africome. Invité du carrefour d’actualité organisé par le Centres d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) hier, sous le thème : «Entreprises de presse au Sénégal : difficultés et perspectives », il a soulevé beaucoup de problèmes. En plus de ne pas apprécier le traitement des journalistes dans les médias. Selon lui, l’une des premières menaces qui pèsent sur les entreprises de presse est le mauvais traitement du personnel des médias.
« Certaines entreprises de presse se donnent beaucoup de libertés pour ne pas respecter leurs obligations. Elles ne payent pratiquement pas les journalistes. Ces derniers n’ont aucun plan de carrière, ni une sécurité sociale, encore moins une cotisation de retraite. Il y a un grand organe dans ce pays qui, depuis des années, ne paye pas de salaires », a dénoncé le patron du Journal Stade devant les journalistes en herbe. Cette précarité, a-t-il ajouté, ouvre la voie à toutes les dérives qui menacent le métier de journaliste.
Interpellé sur la menace internet sur la presse écrite, il a soutenu, contrairement à beaucoup d’analystes, que c’est plutôt une chance. Pour lui, le journalisme existera toujours, même si c’est sur un autre support. Parmi les problèmes évoqués par M. Kane figure en grande partie le management des entreprises de presse. « Nous avons toujours eu de bons journalistes dans ce pays, mais pas de bons manageurs. Etre un bon journaliste ne veut pas dire être un bon manager », a-t-il rappelé. Le chef d’entreprise a aussi pointé du doigt l’Etat.
A son avis, ce dernier manque de politique pour soutenir la presse. A en croire M. Kane, en France par exemple, de la même manière que l’Etat subventionne la presse publique, il le fait aussi pour le privé. A ceux qui soutiennent que l’aide à la presse, dans notre pays, joue ce même rôle, il rétorque qu’il est contre cette somme donnée chaque année aux patrons des médias. « Moi, depuis des années, je milite pour la suppression de l’aide à la presse qui est distribuée de manière politique. Elle est gérée par le ministre de la Communication qui distribue, selon sa volonté », a-t-il regretté.
Son co-débatteur, le directeur général du quotidien national le Soleil, Cheikh Thiam, par ailleurs secrétaire du Cedps, a abondé dans le même sens. Comme M. Kane, il estime que la viabilité économique des entreprises de presse pose problème. Selon lui, il faut aujourd’hui réinventer le modèle économique. « Avec la montée en puissance de l’Internet qui est devenu un concurrent très sérieux, il faut s’adapter ou périr », a dit Cheikh Thiam aux futurs journalistes. Malgré les difficultés, les débatteurs ont estimé que notre presse a beaucoup de mérite. Comparé à beaucoup de pays en Afrique, notamment ceux francophones, le Sénégal occupe une place enviable.
Sur un autre volet, Mamadou Ibra Kane a affirmé qu’il y a des lobbies qui tentent d’infiltrer la presse. Mais malgré cette tentative, selon lui, elle reste républicaine et joue un rôle social très important. « La presse sénégalaise est le premier tirage en Afrique de l’ouest francophone. Donc, d’une manière globale, les médias doivent être appréciés positivement », a conclu le président du Cedps.        
                                                                                                                 Abdourahim Barry 

mardi 1 mars 2016

240EME ANNIVERSAIRE DE LA REVOLUTION DU FOUTA: Les Sénégalais invités à s’inscrire à l’école de Thierno Souleymane Baal

Peu connue des Sénégalais, la révolution du Fouta fut comparable à celles qui se sont déroulées en Europe et aux États-Unis au 18ème siècle. Les historiens invitent aujourd’hui les populations à revisiter ce patrimoine immense de notre histoire pour une meilleure gouvernance.
 En citant les révolutions qui ont eu lieu dans l’histoire humaine, on n’entend presque jamais citer celle du Fouta. Une révolution au Sénégal ? Oui ! Peu connue des Sénégalais, la révolution du Fouta Toro menée par Thierno Souleymane Baal est l’une des ‘’plus belles’’ que le monde ait connue. Dans un contexte de crise des valeurs démocratiques, plusieurs historiens sont unanimes pour dire que la démocratie a existé au Sénégal avant même les pays occidentaux. Lors de la cérémonie de commémoration des 240 ans de sa disparition, le mercredi passé à l’Ucad, les historiens sont revenus sur la vie et l’œuvre de cet homme de référence.
Selon le professeur Iba Der Thiam, Thierno Souleymane Baal est l’une des personnalités les plus emblématiques de notre histoire malheureusement très peu connue. Il soutient que la démocratie s’est installée dans notre pays avant la révolution française du 1789. ‘’Quand il instaurait la démocratie au Fouta, l’Europe était dans une guerre pitoyable et personnalisée’’, a rappelé le dirigeant du projet de la réécriture de l’histoire générale du Sénégal. Le professeur Thiam invite notre pays à faire de Thierno Souleymane Baal un porte-étendard pour montrer aux autres que la démocratie a existé en Afrique bien avant.
Qualifiant l’homme d’exceptionnel, l’ancien ministre de l’éducation demande à l’Etat  d’introduire dans les programmes scolaires l’histoire du fondateur du régime des Almaamiyats au Fouta. Mettant en place un régime théocratique fondé sur la démocratie et l’égalité, Thierno Souleymane Baal mit ainsi fin à la domination des Deynianké qui opprimaient le peuple foutanké. Selon Iba Der Thiam, dès sa victoire sur ses adversaires, le chef de guerre et religieux refusa d’exercer le pouvoir pour montrer l’exemple.
‘’Sa décision de ne pas exercer le pouvoir après la victoire est une leçon qu’il a donnée à toute l’humanité car au même moment, il y avait une lutte impitoyable pour le pouvoir en Europe. Dès 1776, il avait instauré une justice avec des possibilités de faire des recours si on n’était pas satisfait d’un jugement. Il a mis en place l’école gratuite bien avant Jules Ferry. Quand il dit que si vous élisez l’imam, contrôlez-le pour voir s’il ne s’est pas enrichi de façon illégale, il avait posé la question de l’enrichissement illicite’’, a-t-il expliqué devant un public venu très nombreux assister à la rencontre.
Très en verve, l’historien et  député à l’Assemblée nationale soutient que Thierno fut un modèle achevé de démocrate dont nos dirigeants actuels doivent s’inspirer. ‘’En décidant de s’attaquer à l’esclavage, il a posé un acte de grandeur nature. Il a rompu avec la royauté en changeant les institutions. Il a instauré la première République noire. Contrairement à ce qu’on dit, Haïti et la République Lébou ne sont pas les premières’’, a rappelé le professeur agrégé en histoire.
Organisé par le Groupe de recherche et d’études du patrimoine intellectuel sénégalais (Baa Joordo), la rencontre a enregistré la présence de plusieurs personnalités : politiques, étudiants et universitaires. Intervenant suite à la projection d’un film ‘’Sur les traces du leader du Fouta, Thierno Souleymane Baal’’, le professeur Ibrahima Thioub lui, a axé son propos sur les limites de la révolution Torodo. Tout en qualifiant cette dernière de l’une des plus merveilleuses que le monde ait connue, il estime qu’elle a été détournée de son objectif.
‘’Il était parti sur une utopie égalitaire. Mais l’une des limites est que le mouvement Torodo qui était un parti politique où tous les musulmans étaient égaux, est devenu une caste au-dessus de toutes les autres après la disparition du révolutionnaire’’, a expliqué le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Une autre limite est, selon lui, le fait qu’après l’instauration de la démocratie au Fouta, les révolutionnaires n’aient pas pu exporter leur modèle partout dans le Sénégal. ‘’L’œuvre de Thierno Souleymane Baal s’inscrit dans la seconde moitié du 18èmesiècle. C’est le moment où la traite Atlantique a atteint son apogée. Le régime « Ceddo » des Deniankés et celui du Cayor étaient très impliqués dans la traite des esclaves. Au moment de la victoire en 1776, il y avait la révolution américaine et plus tard celle française de 1789’’, a dit l’historien pour dire que nous n’avons rien à envier aux autres.
Le président du Groupe Baa Joordo initiateur de la rencontre affirme que l’objectif est de montrer que l’Afrique n’a pas toujours été derrière. Elle a participé à la production du savoir et à l’invention. ‘’Nous voulons montrer que l’Afrique a compté dans le passé et comptera dans l’avenir’’, a conclu le professeur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis dans un concert d’applaudissements.
Recommandations de Thierno Souleymane Baal  
Thierno Souleymane Baal encourageait et parlait à son armée en ces termes : la victoire est dans la persévérance… Je ne sais pas si je sortirai de cette guerre vivant. Toutefois, je vous recommande, si je ne suis plus de ce monde :
1°) de rechercher, pour assumer la fonction d’Almaami, un homme désintéressé, qui ne mobilise les biens de ce monde ni pour sa personne ni pour ses proches ;
2°) si vous le voyez s’enrichir, démettez-le et confisquez les biens qu’il a acquis ;
3°) s’il refuse la démission, destituez-le par la force et bannissez-le ;
4°)   remplacez-le par un homme compétent quelle que soit sa lignée ;
 5°) veillez bien à ce que l’Almaamiyat ne soit jamais héréditaire ;
6°) n’intronisez qu’un méritant.                                                     
                                                                                                ABDOURAHIM BARRY