La crise du Système éducatif est très complexe et profonde. Pour trouver des solutions à ce problème qui n’a que trop duré, le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar estime que le contenu des enseignements dans nos universités est depuis longtemps dépassé, d’où la nécessité des réformes.
Ibrahima Thiuob, Photo Illustration |
‘’Apprendre en travaillant’’, c’est la vision qu’a le Recteur de l’Ucad, de son institution. Animant une conférence sur le thème ‘’vision et défis de l’Ucad’’, le professeur Ibrahima Thioub a fait un diagnostic sans complaisance de l’Université. Ce qu’on retient de cette rencontre organisée par la Coordination des étudiants catholiques de Dakar, à l’église Saint Dominique, c’est qu’une réforme du système éducatif en général et l’université en particulier s’impose. Ainsi le recteur Thioub a touché à tous les maux de son établissement. Selon lui, malgré la multiplication des collèges et lycées de proximité, l’Ucad continue de procurer un enseignement classique. La prolifération de ces établissements scolaires n’a pas été suivie par une formation d’un personnel enseignant de qualité. Ce qui a comme conséquence une baisse drastique du niveau des bacheliers qui arrivent à l’université.
Un autre problème soulevé par le conférencier est le contenu des cours qu’on dispense dans nos universités. Il est pratiquement en déphasage avec les besoins du marché. Il estime qu’aujourd’hui, l’enseignement doit répondre à des questions concrètes et non théoriques. ‘’On enseigne comme si tous les bacheliers devaient aller jusqu’à soutenir une thèse de doctorat. Nous continuons à rassembler des milliers d’étudiants dans des amphis carrelés sans jamais mettre la main à la pâte. Il faut allier formation théorique et pratique’’, a dit l’historien. Convaincu que l’université doit aider à régler des problèmes concrets qui se pose à la société, il rassure que les réformes entreprises depuis quelques années vont dans ce sens. Il pense que seule la professionnalisation de la formation à l’université avec de bons chercheurs peut résoudre les nombreux problèmes dont souffre l’Ucad.
‘’Le taux de réussite au premier et second cycle tourne autour de 30%. Entre 60 et 70% des bacheliers entrent et sortent de l’université sans aucune qualification, ni diplôme. Il ne faut pas dire que le niveau de nos bacheliers est faible et qu’ils doivent échouer, mais leur chercher une formation adéquate, adaptée, à courte durée, leur permettant de travailler’’, a-t-il rappelé pour souligner l’état préoccupant de l’Ucad.
‘’Haro sur le xar màtt’’
Dans un contexte de crise du système éducatif, de l’élémentaire à l’université, Ibrahima Thioub estime que les causes sont nombreuses et profondes. Selon lui, tout est parti avec l’élimination des écoles normales supérieures qui formaient des instituteurs d’excellent niveau et les ajustements structurels qui ont en drainé des recrutements clientélistes et d’enseignants non formés. Ce manque de formation continue jusqu’à présent dans les établissements d’enseignement supérieur.
Il estime que ceux qui enseignent dans le supérieur doivent être formés au même titre que ceux qui interviennent au niveau scolaire. Il a aussi déploré ce qu’il appelle le manque d’effectivité des enseignements. ‘’Il y a beaucoup d’enseignants qui sont coupés entre le privé et le public à travers le fameux ‘’xar màtt‘’, ce qui ne contribue pas à l’amélioration de la situation’’, dénonce le Pr Thioub. Dans cette liste non exhaustive des maux de l’Ucad et l’enseignement en général, les syndicats jouent un rôle capital. Selon l’enseignant, la multiplication des syndicats et la banalisation de la grève a fini de mettre au chaos le système éducatif à tous les niveaux. Il pense que la grève doit être une bombe atomique des enseignants. Autrement dit, elle (la grève) doit être utilisée en dernier recours.
Malgré ces nombreuses difficultés, le Recteur a invité les étudiants à garder la confiance envers l’Ucad qui est la première université francophone au sud du Sahara. Il y a plusieurs projets pour renverser la situation actuelle. Il a conclu son propos en s’adressant aux étudiants en ces termes : ‘’Soyez fiers de votre université car elle est la seule au monde qui a formé 4 chefs d’Etat et qui ont exercé en même temps le pouvoir (Michel Kafando, Macky Sall, Thomas Yayi Boni et Ibrahima Boubacar Keïta).
Abourahim Barry
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire