« La discipline est la mère de
succès ». Cette citation d’Eschyle, tirée de son ouvrage intitulé, Les
Sept contre Thèbes, nous dit en long et en large sur l’importance de la discipline
pour le progrès. L’Homo Senegalensis est malheureusement réputé pour son manque
de discipline. Il s’y ajoute un manque de civisme notoire. Il suffit de sortir
dans la rue pour le constater. «Fii mbed buur la » (la rue n’appartient à
personne, Ndlr). Ce n’est pas pour rien que cette expression est devenue très célébrée. Elle signifie dans la
conscience collective que chacun peut faire ce qu’il veut dans la rue car, elle
est la propriété de personne. Chacun est libre d’en faire ce que bon lui semble
sans se soucier des autres. L’intérêt particulier et l’égoïsme priment sur le
bien-être collectif et le vivre ensemble.
Ainsi n’essayez surtout pas de
conseiller un citoyen qui déverse par exemple des ordures ou des eaux usées
dans la rue. Bien que l’acte étant blâmable,
il risque de vous répondre : « y a moom bed mi, walla sa baay » (la
rue t’appartiens ou elle appartient à ton père) ? Le manqué de discipline
et l’incivisme ont atteint leur paroxysme. La première qualité des pays
émergents de l’Asie, est la discipline de ses citoyens, nous dit-on souvent.
Mais chez nous, c’est le contraire. Ce qui certainement frappe un visiteur
étranger à Dakar, c’est le comportement des populations dans les transports en
commun. Les minibus au début bien organisés sont maintenant pires que les cars rapides.
Malgré son interdiction, la surcharge
est devenue la règle au vu et su de tout le monde y compris les forces de
l’ordre chargées de sanctionner ces pratiques. Avec un simple billet de mille
francs CFA, ils ferment les yeux. Conséquences, les accidents sont monnaie courante
avec des centaines de victimes.
L’accident d’un bus surchargé causant la mort à huit personnes et des dizaines
d’autres blessées la semaine dernière à l’entrée de Kaolack est une parfaite
illustration.
Du bateau le Joola avec ces près de 2
mille victimes au simple accident de voiture avec des blessures légères, le
manque de discipline des chauffeurs est toujours pointé du doigt. On se
rappelle encore ces deux sœurs venues de la France tuées dans un accident à
cause d’un chauffard qui a voulu faire un demi-tour en pleine autoroute. Pour
ne pas être taxé d’anti chauffeurs, intéressons-nous à d’autres secteurs sans
mentionner le célèbre taximan qui a fait passer son véhicule sur la passerelle
piéton.
Incontestablement, Dakar est l’une
des capitales les plus salles. Tous les trottoirs sont transformés en marché
par des marchands de tout genre. Ils salissent et font tout ce qu’ils veulent.
« Dagnoun daan sounuu doole » (nous travaillons pour gagner honnêtement
notre vie, Ndlr). Soutenus, par une certaine
classe politique démagogique cherchant à manipuler la question des marchands
ambulants, la capitale sénégalaise a fini de devenir un bordel. Une poubelle à
ciel ouvert.
« Dis mois quelle jeunesse tu
as, je te dirais quel pays tu seras », aimait dire l’ancien président de
la République, Abdoulaye Wade. La jeunesse est-elle ex ante de reproche ?
La réponse est négative. L’université
qui représente le Sénégal en miniature peut être considérée comme le
point culminant de l’indiscipline et
l’incivisme. On se rappelle encore le décès de l’étudiant Saer Boye tué en 2014
lors d’une bagarre devant le restaurant Argentin suite à une dispute pour le
respect du rang. A l’université, on est obligé de faire la queue pratiquement
devant tous les services. Mais malgré ce
fait dû au surpeuplement de l’Ucad, beaucoup d’étudiants ne respectent jamais
cette règle non écrite. Ils font le « dialgatiti » sans gêne devant
leur camardes prétextant qu’ils ont cours. Qui n’a pas cours à l’université ? Ces
arguments mensongers sont souvent fournis pour justifier leur comportement inacceptable.
Devant les biens communs, chacun dit
ce n’est pas mon affaire, c’est l’Etat qui paye. Il est fréquent d’entendre les
étudiants dire : « nous sommes les futurs dirigeants de ce
pays ». Mais osons le dire. Si c’est de ces jeunes qu’on attend le
progrès, c’est mal partie pour le Sénégal.
Abdourahima Barry
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