mardi 14 juin 2016

L’indiscipline en question


« La discipline est la mère de succès ». Cette citation d’Eschyle, tirée de son ouvrage intitulé,  Les Sept contre Thèbes, nous dit en long et en large sur l’importance de la discipline pour le progrès. L’Homo Senegalensis est malheureusement réputé pour son manque de discipline. Il s’y ajoute un manque de civisme notoire. Il suffit de sortir dans la rue pour le constater. «Fii mbed buur la » (la rue n’appartient à personne, Ndlr). Ce n’est pas pour rien que cette expression est devenue  très célébrée. Elle signifie dans la conscience collective que chacun peut faire ce qu’il veut dans la rue car, elle est la propriété de personne. Chacun est libre d’en faire ce que bon lui semble sans se soucier des autres. L’intérêt particulier et l’égoïsme priment sur le bien-être collectif et le vivre ensemble.  
Ainsi n’essayez surtout pas de conseiller un citoyen qui déverse par exemple des ordures ou des eaux usées dans la rue. Bien que l’acte étant  blâmable, il risque de vous répondre : « y a moom bed mi, walla sa baay » (la rue t’appartiens ou elle appartient à ton père) ? Le manqué de discipline et l’incivisme ont atteint leur paroxysme. La première qualité des pays émergents de l’Asie, est la discipline de ses citoyens, nous dit-on souvent. Mais chez nous, c’est le contraire. Ce qui certainement frappe un visiteur étranger à Dakar, c’est le comportement des populations dans les transports en commun. Les minibus au début bien organisés sont maintenant pires que les cars rapides. 
Malgré son interdiction, la surcharge est devenue la règle au vu et su de tout le monde y compris les forces de l’ordre chargées de sanctionner ces pratiques. Avec un simple billet de mille francs CFA, ils ferment les yeux. Conséquences, les accidents sont monnaie courante avec des centaines de  victimes. L’accident d’un bus surchargé causant la mort à huit personnes et des dizaines d’autres blessées la semaine dernière à l’entrée de Kaolack est une parfaite illustration.    
Du bateau le Joola avec ces près de 2 mille victimes au simple accident de voiture avec des blessures légères, le manque de discipline des chauffeurs est toujours pointé du doigt. On se rappelle encore ces deux sœurs venues de la France tuées dans un accident à cause d’un chauffard qui a voulu faire un demi-tour en pleine autoroute. Pour ne pas être taxé d’anti chauffeurs, intéressons-nous à d’autres secteurs sans mentionner le célèbre taximan qui a fait passer son véhicule sur la passerelle piéton.
Incontestablement, Dakar est l’une des capitales les plus salles. Tous les trottoirs sont transformés en marché par des marchands de tout genre. Ils salissent et font tout ce qu’ils veulent. « Dagnoun daan sounuu doole » (nous travaillons pour gagner honnêtement  notre vie, Ndlr). Soutenus, par une certaine classe politique démagogique cherchant à manipuler la question des marchands ambulants, la capitale sénégalaise a fini de devenir un bordel. Une poubelle à ciel ouvert.
« Dis mois quelle jeunesse tu as, je te dirais quel pays tu seras », aimait dire l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade. La jeunesse est-elle ex ante de reproche ? La réponse est négative. L’université  qui représente le Sénégal en miniature peut être considérée comme le point  culminant de l’indiscipline et l’incivisme. On se rappelle encore le décès de l’étudiant Saer Boye tué en 2014 lors d’une bagarre devant le restaurant Argentin suite à une dispute pour le respect du rang. A l’université, on est obligé de faire la queue pratiquement devant  tous les services. Mais malgré ce fait dû au surpeuplement de l’Ucad, beaucoup d’étudiants ne respectent jamais cette règle non écrite. Ils font le « dialgatiti » sans gêne devant leur camardes prétextant qu’ils ont cours.  Qui n’a pas cours à l’université ? Ces arguments mensongers sont souvent fournis pour justifier leur comportement inacceptable.
Devant les biens communs, chacun dit ce n’est pas mon affaire, c’est l’Etat qui paye. Il est fréquent d’entendre les étudiants dire : « nous sommes les futurs dirigeants de ce pays ». Mais osons le dire. Si c’est de ces jeunes qu’on attend le progrès, c’est mal partie pour le Sénégal.
                                                                                                                      Abdourahima Barry     


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