« Défions-nous de qui promet
s'il ne promet pas aussi de tenir sa promesse ». Cette citation de Robert
Sabatier tirée de son livre, De la
déraison souriante, 1991 pose la problématique du respect de la parole
donnée. Elle nous apprend qu’il n’est pas une science exacte. Le revirement du
Chef de l’Etat Maky Sall concernant la réduction de son mandat en cours a
suscité une indignation chez bon nombre de sénégalais. Chacun y va de son
interprétation personnelle. En écoutant les opposants de Macky, on a
l’impression que le respect de la parole donnée est une valeur inviolable partagée
par tous les citoyens. Ils accusent l’actuel chef de l’Etat comme son
prédécesseur Abdoulaye Wade d’ailleurs d’avoir érigé le « Wax Waxat »
(dire se dédire Ndlr) en règle de
gouvernance violant ainsi ce qui est «plus cher au peuple ». Mais dans son
sermon du vendredi passé, l’Imam de la mosquée du Point E Ahmadou Maktar Kanté a fait une remarque importante.
En effet, l’islamologue tout en persistant sur l’importance de la parole
donnée, a invité chacun à faire une autoévaluation pour vérifier s’il respects lui-même
sa parole. Evidemment si chaque
sénégalais faisait son autoévaluation on se rendrait compte que beaucoup de gens
s’érigent aujourd’hui en défenseurs de cette valeur, mais ils n‘honorent pas
toujours leur promesse ou engagement. Combien de promesses non tenues tous les
jours ? Certaines me diront que la parole du président est plus importante
que celle d’un citoyen lambda, en n’oubliant que tous les engagements se
valent. Chaque fois que quelqu’un trahit son engagement le perdant est frustré.
Donc le respect de la parole donnée doit être effectif à tous les niveaux.
Aujourd’hui, il est regrettable de
voir la politique qui est pourtant très noble réduite à des débats de bas étage. L’impertinence des
acteurs dans le discours et le comportement a fini de discrédité les
politiciens de tout bord dans notre pays. Du côté du pouvoir comme de
l’opposition si on observe le landerneau politique on se rend compte que ces
hommes et femmes qui nous tympanisent sont tous guidés par leurs intérêts
personnels. Par exemple le Président de la République a choisi depuis trois ans
une commission chargée de réfléchir et de proposer des points de réformes.
Celle-ci a sillonné le Sénégal durant trois années sous la direction du doyen
Amadou Maktar Mbow. Au finish, elle a proposé presqu’une centaine d’articles
fruit d’un « consensus national ». Mais tous ces efforts qui ont coûté
des millions au contribuable sénégalais ont été mis de côté par Macky Sall pour
se retrouver dans son bureau lui et ses conseiller et de nous proposer 15
points de réforme qui semblent défendre leurs intérêts du moment. Ses
adversaires aussi obnubilés par le pouvoir voient la non réduction du mandat en
cours comme la fin du monde ou la fin de toute possibilité d’accéder au pouvoir
et d’en jouir. Voulant accéder aux privilèges coûte que coûte, les opposants
ont choisi d’ignorer les autres quatorze points de la réforme constutionelle.
« La promesse qu'il faut tenir sans cesse est celle d'être honnête
homme », disait Jean-Jacques Rousseau
dans son ouvrage, Julie ou La
nouvelle Héloïse paru en 1761. Honnêtement Macky a-t-il voulu respecter sa
parole jusqu’au bout comme le soutiennent ses partisans ? Il est le
seul à pouvoir répondre à cette interrogation. Ce qui est sûr, c’est qu’à
travers cet acte, il vient de mettre une tache noire sur sa carrière politique.
ABDOURAHIM BARRY
ABDOURAHIM BARRY
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