mardi 14 juin 2016

En mode « Wax Waxet

« Défions-nous de qui promet s'il ne promet pas aussi de tenir sa promesse ». Cette citation de Robert Sabatier tirée de son livre, De la déraison souriante, 1991 pose la problématique du respect de la parole donnée. Elle nous apprend qu’il n’est pas une science exacte. Le revirement du Chef de l’Etat Maky Sall concernant la réduction de son mandat en cours a suscité une indignation chez bon nombre de sénégalais. Chacun y va de son interprétation personnelle. En écoutant les opposants de Macky, on a l’impression que le respect de la parole donnée est une valeur inviolable partagée par tous les citoyens. Ils accusent l’actuel chef de l’Etat comme son prédécesseur Abdoulaye Wade d’ailleurs d’avoir érigé le « Wax Waxat » (dire se dédire Ndlr)  en règle de gouvernance violant ainsi ce qui est «plus cher au peuple ». Mais dans son sermon du vendredi passé, l’Imam de la mosquée du Point E Ahmadou  Maktar Kanté a fait une remarque importante. En effet, l’islamologue tout en persistant sur l’importance de la parole donnée, a invité chacun à faire une autoévaluation pour vérifier s’il respects lui-même sa parole. Evidemment si  chaque sénégalais faisait son autoévaluation on se rendrait compte que beaucoup de gens s’érigent aujourd’hui en défenseurs de cette valeur, mais ils n‘honorent pas toujours leur promesse ou engagement. Combien de promesses non tenues tous les jours ? Certaines me diront que la parole du président est plus importante que celle d’un citoyen lambda, en n’oubliant que tous les engagements se valent. Chaque fois que quelqu’un trahit son engagement le perdant est frustré. Donc le respect de la parole donnée doit être effectif à tous les niveaux.
Aujourd’hui, il est regrettable de voir la politique qui est pourtant très noble réduite à des  débats de bas étage. L’impertinence des acteurs dans le discours et le comportement a fini de discrédité les politiciens de tout bord dans notre pays. Du côté du pouvoir comme de l’opposition si on observe le landerneau politique on se rend compte que ces hommes et femmes qui nous tympanisent sont tous guidés par leurs intérêts personnels. Par exemple le Président de la République a choisi depuis trois ans une commission chargée de réfléchir et de proposer des points de réformes. Celle-ci a sillonné le Sénégal durant trois années sous la direction du doyen Amadou Maktar Mbow. Au finish, elle a proposé presqu’une centaine d’articles fruit d’un « consensus national ». Mais tous ces efforts qui ont coûté des millions au contribuable sénégalais ont été mis de côté par Macky Sall pour se retrouver dans son bureau lui et ses conseiller et de nous proposer 15 points de réforme qui semblent défendre leurs intérêts du moment. Ses adversaires aussi obnubilés par le pouvoir voient la non réduction du mandat en cours comme la fin du monde ou la fin de toute possibilité d’accéder au pouvoir et d’en jouir. Voulant accéder aux privilèges coûte que coûte, les opposants ont choisi d’ignorer les autres quatorze points de la réforme constutionelle. « La promesse qu'il faut tenir sans cesse est celle d'être honnête homme », disait Jean-Jacques Rousseau  dans son ouvrage, Julie ou La nouvelle Héloïse paru en 1761. Honnêtement Macky a-t-il voulu respecter sa parole jusqu’au bout comme le soutiennent ses partisans ? Il est le seul à pouvoir répondre à cette interrogation. Ce qui est sûr, c’est qu’à travers cet acte, il vient de mettre une tache noire sur sa carrière politique.  

                                                                                   ABDOURAHIM BARRY
               

  

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