Depuis le début du mandat du président Macky Sall, l’actualité est
dominée par la traque des biens mal acquis. Cette traque nous conduit aujourd’hui à un jour des plus
importants de l’histoire
Le 31 aout tant attendu est arrivé
hier au palais de justice de Dakar vers 11 heures dans la salle 4 du tribunal. Dès
9 heures, la salle était déjà remplie par les partisans de Karim Wade, des
membres du parti démocratique sénégalais (PDS) et des curieux sous une
impressionnante sécurité. Les alentours
du tribunal sont remplis de policiers et de gendarmes avec des barricades
partout et des contrôles stricts à toutes les entrées.
Tout de blanc vêtu, Karim Wade est
accueilli comme un héros par ses partisans et des cris « libérez Karim, Karim président... »
Et il répond par des signes de victoire des mains. On peut noter la présence de
beaucoup d’anciens ministres, de députés et de sénateurs du régime de Wade
père.
Apres le discours d’introduction du
bâtonnier de l’ordre des avocats, le président de la cour Henri Grégoire Diop
fait quelques mises aux points en précisant que pour la transparence du procès,
les avocats de la défense ont accès à tous les documents en papier et en
version électronique depuis le début de la procédure.
Les mises aux points terminés, le président
déclare le procès ouvert et aussitôt, il commence à appeler les accusés à la
barre. Karim Wade ouvre le bal en se présentant comme un ancien banquier et un
actuel prisonnier politique. S’en sont suivis les présumés complices parmi
lesquels Pierre Aggoba (béninois), Alioune Samba Diassé, Mbaye Ndiaye, Amadou
Aïdara, Mballo Thiam et Abou Khalil alias Bibo Bourgi complice n°1 qui s’est présenté
sur un fauteuil roulant accompagné de ses soignants.
Cette première journée aura été
marquée par un débat juridique sur la procédure entre les deux camps. Les avocats
de Karim Wade composés entre autres des maîtres Ciré Clédor Ly, Seydou
Diagne, Amadou Sall, Alioune Badara
Cissé, Madické Niang, Souleymane Ndéné Ndiaye… sont attaqués par les avocats de
l’Etat du Sénégal pour incompatibilité. Dès le démarrage du procès, les avocats
de l’Etat composés des maîtres Moussa
Felix Sow, Yerim Thiam, El hadji Diouf… attaquent les avocats de Karim en
précisant que les avocats anciens fonctionnaires ou agents de l’Etat ne peuvent
plaider pour ou contre l’Etat pendant 3
ans à partir de leur cessation de fonction.
Cette disposition touche fortement
les avocats de Karim à travers maîtres El Hadji Amadou Sall, Madické Niang,
Alioune Badara Cissé (anciens ministres) et maître Souleymane Ndéné Ndiaye (ancien)
premier ministre. Les avocats de la défense contre-attaquent en précisant
qu’ils n’étaient ni des fonctionnaires, ni des agents de l’Etat, mais des
serviteurs de l’Etat selon maître Alioune Badara Cissé. Ils précisent aussi que
si cette disposition les frappe, elle doit frapper aussi maître El Hadj Diouf
(député à l’assemblée nationale) et maître Moustapha Mbaye (président du
conseil départemental de St. Louis.
Ce «procès du
siècle » promet d’être intéressant et de faire jurisprudence car les enjeux sont énormes. Pour certains
c’est un procès politique ; pour d’autres il doit constituer un exemple
pour les détourneurs de fonds. Il a été interrompu plusieurs fois à cause
d’incidents divers. Mais l’image la plus forte reste celle de Bibo Bourgi sur son
fauteuil roulant accompagné de ses médecins.
Abdourahim Barry (étudiant au Cesti)
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