"Même si, après les avocats et les politiques, nous sommes les plus détestés,… "
De passage à Dakar, Philomé Robert, le présentateur vedette de la chaîne d’information en continue France 24, s’est entretenu hier avec les étudiants du Centre d’étude des sciences et techniques de l’information (Cesti).
Philomé Robert était l’invité de la direction de l’école dans le cadre des carrefours d’actualité organisés presque tous les mercredis soirs. Le présentateur a axé sa communication sur le métier de journaliste et sa Chaîne France24 . Il a expliqué qu’elle est un média de service public mis en place par l’Etat français pour défendre ses intérêts et son image à l’extérieur. « France 24 a une mission de vendre l’image de la France à l’étranger, comme tous les grands pays en ont (CNN, la BBC, Aljazira etc.) ».
Toutefois, il a précisé que les journalistes sont libres. Cette précision est d’autant plus importante que le Groupe France Média monde auquel appartiennent France 24 et RFI est accusé de faire de la propagande pour l’Etat français. Sous la tutelle du Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères de la France), ces structures médiatiques ne font pas l’unanimité en Afrique, surtout chez les anti-impérialistes et combattants de la Françafrique.
L’auteur du livre « Exil au crépuscule » n’a pas manqué de se prononcer sur son métier qui lui a valu son exil. Philomé Robert a rappelé aux journalistes en herbe qu’ils sont dans un domaine où on ne doit pas oublier l’essentiel. « Notre première fonction est de servir les citoyens, surveiller les pouvoirs publics et stimuler le débat démocratique », a-t-il dit. Selon lui, le journaliste doit toujours douter de tout et être vigilant. Dans le contexte de l’explosion des médias et le Web qui fait que tout le monde livre des informations, il estime que les journalistes doivent s’adapter aux nouvelles technologies. « Il faut distinguer l’information de la propagande et de la désinformation.
Je ne crois pas à la neutralité et à l’objectivité. Mais, je ne me permets pas d’être malhonnête, de dire des choses qui n’existent pas », a-t-il soutenu. Ainsi, il est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à l’exil. Il raconte dans l’ouvrage précité comment il a échappé à un assassinat, dans son pays, Haïti. Lors, d’élections dans cet Etat des Caraïbes, il y a eu des bourrages d’urnes. Il fallait choisir entre être neutre et renvoyer le pouvoir et l’opposition dos à dos ou dire la vérité. Il a décidé de relater les faits. Cela a failli lui coûter la vie. Ces événements se sont déroulés dans les années 2000, sous le règne de Jean Bertrand Aristide. Depuis, il est devenu un défenseur de la liberté de la presse. « Même si, après les avocats et les hommes politiques, nous sommes les plus détestés, notre métier reste très utile pour la société », a-t-il conclu.
ABDOURAHIM BARRY
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