vendredi 13 novembre 2015

PROFESSEUR BABACAR SAMB (ANCIEN AMBASSADEUR DU SENEGAL EN EGYPTE)

‘’La Burqa n’est pas autorisée par l’islam’’
Réagissant au débat sur le port du voile intégral, l’ancien chef du département d’arabe de l’Ucad, qui
Babacar Samb
était hier dans les locaux du Centre d’études des sciences et techniques de l’information
 (Cesti), préconise l’interdiction de la Burqa pour des raisons de sécurité. Mieux, pour Babacar Samb, la Burqa n’est pas autorisée par l’islam
Les réactions au discours du chef de l’Etat Macky Sall sur le voile intégral continuent de fuser de partout. L’ancien Ambassadeur du Sénégal en Egypte, Babacar Samb, est en phase avec le président de la République. Invité hier du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) dans le cadre de ses carrefours d’actualité, il soutient que le voile intégral peut être interdit pour des raisons de sécurité. ‘’Même l’institut Al Azhar du Caire qui est une référence des musulmans sunnites l’a interdit’’, a-t-il précisé.
Le professeur Samb affirme que ce type d’accoutrement n’est pas autorisé par l’islam. "La Burqa n’a pas une base islamique. C’est un habillement qui relève de la tradition arabe. La femme musulmane doit couvrir  son corps certes, mais pas de façon intégrale. Cette forme de voile est imposée par les conditions climatiques des pays du Golfe avec le vent, la chaleur etc. C’est pourquoi dans cette zone, même les chrétiennes se voilent", a-t-il dit.  D’après Le professeur, l’Etat qui est garant de la sécurité des populations doit tout mettre en œuvre pour sécuriser les personnes et leurs biens et interdire  la Burqa. "Notre pays n’est pas à l’abri du terrorisme même si la menace n’est pas imminente. On a noté depuis quelques années la  naissance de mouvements islamiques au Sénégal. Ils viennent avec leur propre litanie et nous impose un nouveau type d’habillement copié des confréries arabes", a-t-il ajouté. Le spécialiste du monde arabe préconise la prévention comme moyen de lutte contre le terrorisme. Il invite par ailleurs l’Etat à une large concertation sur la question en impliquant tous les acteurs religieux. Selon lui, chacun est libre de s’habiller comme il veut à condition qu’il ne menace pas la sécurité des citoyens.
‘’La troisième intifada’’ 
Babacar Samb est aussi largement revenu sur les crises dans le monde arabe en général et au Moyen Orient en particulier. La particularité des régimes arabes, c’est qu’il n’y a jamais eu d’anciens chefs d’Etat, tous les dirigeants ont régné jusqu’à leur mort ou ont été tués au pouvoir. Abordant le plus vieux conflit de la région, il fustige le comportement d’Israël et la complicité de la communauté internationale. Selon lui, la nouvelle forme de combat au couteau adoptée par les Palestiniens peut être considérée comme ‘’la troisième intifada’’.
‘’Israël est le seul membre de l’organisation des Nations unies (Onu) au monde qui ne respecte pas ses résolutions. Et cela,  sans conséquence. Il est aussi le seul pays qui théorise et pratique le terrorisme d’Etat’’, a-t-il dénoncé devant les étudiants du Cesti. L’ehec de Barack Obama sur le règlement du conflit israélo-palestinien s’explique, selon lui, par un manque d’autorité du président américain sur l’Etat sioniste. ‘’Le lobby juif aux Etats-Unis est tellement fort que tout président américain, qu’il soit républicain ou démocrate, est obligé de s’aligner sur la volonté des juifs’’, croit-il savoir.
Concernant la crise au Yémen dans laquelle le Sénégal a failli s’engager aux côtés de la coalition menée par l’Arabie Saoudite contre la rébellion Houtti, il prédit que personne ne pourra gagner cette guerre. Et les raisons sont simples, d’après lui : ‘’C’est un pays montagneux où il est difficile de combattre’’. L’ancien ambassadeur a aussi soutenu que ce sont les mêmes causes qui ont empêché les Américains et leurs alliés de gagner contre les talibans en Afghanistan. ‘’L’ancien empire Ottoman avait dominé l’ensemble des pays arabes sauf le Yémen.
Et les minorités  houttis et Jaïdites ont toujours été marginalisées par le gouvernement yéménite. Donc ils n’accepteront pas de négocier pour céder le pouvoir à Sana, mais le partager, ce que refusent les Saoudiens et leurs alliés’’, a rappelé Babacar Samb. Concernant la victoire des islamistes dans la plupart des pays qui ont connu le printemps arabe, le professeur Samb a soutenu que c’est à cause de la crise idéologique dans le monde. ‘’Les islamistes ont toujours attiré les électeurs dans ces pays car les gens s’identifient à leur discours. Aujourd’hui, si on organisait des élections libres et transparentes en Egypte, les frères musulmans les gagneraient.’
                                                                                        ABDOURAHIM BARRY ET OUMAR BAYO BA 

lundi 9 novembre 2015

PHILOME ROBERT, JOURNALISTE A FRANCE 24

"Même si, après les avocats et les politiques, nous sommes les plus détestés,… "
De passage à Dakar, Philomé Robert, le présentateur vedette de la chaîne d’information en continue France 24, s’est entretenu hier avec les étudiants du Centre d’étude des sciences et techniques de l’information (Cesti).

Philomé Robert était l’invité de la direction de l’école dans le cadre des carrefours d’actualité organisés presque tous les mercredis soirs. Le présentateur a axé sa communication sur le métier de journaliste et sa Chaîne France24 . Il a expliqué qu’elle est un média de service public mis en place par l’Etat français pour défendre ses intérêts et son image à l’extérieur. « France 24 a une mission de vendre l’image de la France à l’étranger, comme tous les grands pays en ont (CNN, la BBC, Aljazira etc.) ».
Toutefois, il a précisé que les journalistes sont libres. Cette précision est d’autant plus importante que le Groupe France Média monde auquel appartiennent France 24 et RFI est accusé de faire de la propagande pour l’Etat français.  Sous la tutelle du Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères de la France), ces structures médiatiques ne font pas l’unanimité en Afrique, surtout chez les anti-impérialistes et combattants de la Françafrique.
L’auteur du livre « Exil au crépuscule » n’a pas manqué de se prononcer sur son métier qui lui a valu son exil. Philomé Robert a rappelé aux journalistes en herbe qu’ils sont dans un domaine où on ne doit pas oublier l’essentiel. « Notre première fonction est de servir les citoyens, surveiller les pouvoirs publics et stimuler le débat démocratique », a-t-il dit. Selon lui, le journaliste doit toujours douter de tout et être vigilant. Dans le contexte de l’explosion des médias et le Web qui fait que tout le monde livre des informations, il estime que les journalistes doivent s’adapter aux nouvelles technologies. « Il faut distinguer l’information de la propagande et de la désinformation.
Je ne crois pas à la neutralité et à l’objectivité. Mais, je ne me permets pas d’être malhonnête, de dire des choses qui n’existent pas », a-t-il soutenu. Ainsi, il est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à l’exil. Il raconte dans l’ouvrage précité comment il a échappé à un assassinat, dans son pays, Haïti. Lors, d’élections dans cet Etat des Caraïbes, il y a eu des bourrages d’urnes. Il fallait choisir entre être neutre et renvoyer le pouvoir et l’opposition dos à dos ou dire la vérité. Il a décidé de relater les faits. Cela a failli lui coûter la vie. Ces événements se sont déroulés dans les années 2000, sous le règne de Jean Bertrand Aristide. Depuis, il est devenu  un défenseur de la liberté de la presse. « Même si, après les avocats et les hommes politiques, nous sommes les plus détestés, notre métier reste très utile pour la société », a-t-il conclu. 
                                                                                                            ABDOURAHIM BARRY