jeudi 19 février 2015

La Francophonie: un instriment de puissant pour la France

Photo de famille des chefs d'Etats et de gouvernements de l'OIF à Dakar
La capitale sénégalaise a abrité le quinzième sommet de la Francophonie les 29 et 30 novembre 2014. Le premier sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a eu lieu en France à Versailles en 1986 à l’initiative du président français François Mitterrand. Les participants retiennent entre autres domaines de coopération : « le développement, les industries de la culture et de la communication, les industries de la langue ainsi que le développement technologique accouplé à la recherche et à l’information scientifique ». Mais réellement qu’est-ce que la Francophonie ? Quelle est son utilité notamment pour les pays africains majoritaires au sein de l’organisation ?

Dès qu’on parle de Francophonie on pense automatiquement à la France,  mère de la langue française, qui représente l’identité commune de l’organisation. Cette langue qui a été imposée à la plupart des pays par la colonisation est un des moyens essentiels pour la France de maintenir son statut de  puissance mondiale. Aujourd’hui, la communauté francophone est majoritairement composée d’africains au moment où les grandes décisions et orientations de l’organisation sont imposées par la France comme l’illustre bien l’élection de Michael Jean à la tête de l’OIF.

La France qui fut une grande puissance impérialiste aux XVIII et XIXème siècles compte la rester et cela grâce à la langue française et au Franc CFA. Avec la mondialisation,  selon Michel Guillou auteur du Manifeste pour la langue française et la Francophonie « Il est maintenant admis que la langue française et la Francophonie perdent du terrain (…). Fait aggravant, une partie de l’élite française cherche son modèle ailleurs, considérant le sien comme dépassé et incapable d’inventer l’avenir (…). La France ne semble plus croire à l’universalité de sa langue ».

C’est pourquoi, on ne peut pas comprendre la position des pays africains francophones défendant une organisation qui depuis sa création ne leur a rien apporté sur le plan économique, social, politique et culturel. Malheureusement, ces Etats qui n’ont rien compris dépensent leurs énergies et leurs maigres ressources pour accroitre le prestige de l’ancien colonisateur qui lui-même ne croit plus à sa propre langue. Par exemple il est incompréhensible qu’un pays comme le Sénégal dépense presque 100 milliards de francs CFA pour l’organisation d’un sommet de deux jours. Cet argent aurait permis la construction d’une nouvelle université pour satisfaire la demande de l’enseignement supérieur.

L’Etat est obligé depuis 2013 de subventionner la formation de nouveaux bacheliers dans les universités privées. Paradoxalement à deux pas du centre de conférence d’Abdou Diouf, se trouve le chantier de l’Université  Future Africaine (UFA) qui compte déjà quatre bâtiments géants dont il ne reste que la finition. Les 76 milliards ou plus, c’est selon les sources qui ont permis le financement de ce centre, pouvaient achever ce chantier et doter Dakar d’une deuxième université au lieu d’attendre celle promise par le régime de Macky Sall (Unidak2).  Malheureusement, ces bâtiments risquent de se dégrader car depuis le départ des taïwanais en 2006, l’Etat ne parle plus de ce projet.

Selon l’OIF, l’Afrique compte le plus grand nombre de Francophones dans le monde. Mais peut-on qualifier les populations des  anciennes colonies françaises de francophones? Par exemple dans notre pays, on estime que 15% de la population seulement parle français. Comment peut-on alors qualifier les sénégalais de francophones ?  Aujourd’hui beaucoup d’africains défendent l’enseignement des langues locales comme l’illustre bien l’introduction des langues nationales dans les écoles primaires au Sénégal.

Après le sommet de Dakar, on parle maintenant de la francophonie économique. L’essentiel des membres de l’OIF sont des pays pauvres ou en voie de développement. Pour réaliser ce projet économique, le Canada et la France doivent être les moteurs. Le Canada n’est intéressé par la Francophonie que pour assurer sa cohésion nationale et satisfaire sa province francophone du Québec où on note parfois des velléités d’indépendantismes par rapport au reste du pays anglophone.

La France quant à elle, est en perte de vitesse dans tous les domaines. Elle compte actuellement plus de 3 millions de chômeurs et est en crise économique depuis 2008. Malgré cela, les gouvernements africains francophones continuent de se ranger derrière  ce pays qui ne compte que sur eux pour se faire entendre au sein de la communauté internationale. En contrepartie, elle ferme ses frontières aux étudiants et ressortissants de ces nations comme disait Sarkozy, «  la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » ou le Circulaire Gueant qui fixait un nombre bien déterminé d’étrangers à renvoyer de chez eux chaque année.

Le Franc CFA aussi constitue une absurdité inexplicable dans l’espace francophone d’Afrique car on ne peut pas comprendre comment ces Etats ont pu conserver cette monnaie de domination coloniale. Selon Sanou Mbaye banquier et chroniqueur au Monde Diplomatique, « le maintien du franc CFA a créé un environnement économique impropre à toute stratégie de développement (…) les règles qui régissent la zone franc doivent donc être réformées en profondeur. D’abord, l’abolition de la convertibilité du franc CFA est un préalable au décollage économique ». Cette situation est d’autant plus incompréhensible que la France elle-même a abandonné le Franc français au profit de l’Euro pour des raisons économiques alors que les pays membres de la zone CFA n’osent même pas reprendre le contrôle de cette monnaie aux mains des français ou créer une autre qu’ils géreront eux-mêmes.

 Il est temps que les africains, surtout ceux francophones ouvrent les yeux et regardent la réalité en face.

                                                                                                                         Abdourahim Barry