Des élèves entraînent de chanter dans une classe |
« L’éducation se porte mal ».
Khombole a longtemps été considéré comme un creuset intellectuel à cause de son
histoire. Mais aujourd’hui, l’héritage colonial n’est visible que par les vieux
bâtiments laissés par les colons et le chemin de fer qui rappelle le passé
glorieux du commerce.
Cette ville très bien dotée en infrastructure
scolaire est touchée de plein fouet par le phénomène de la déperdition scolaire
qui touche la plupart des zones rurales. Les taux de réussite aux examens sont
très faibles à tous les niveaux. «L’éducation
se porte très mal dans la commune de Khombole et environ, le niveau des élèves
est très faible », explique Macoumba Fall, enseignant et président de
la commission éducation à la mairie de Khombole. Les causes de ce problème sont
nombreuses et variées. Entre une mauvaise politique éducative de l’Etat et un
bas niveau de certains enseignants, les responsabilités sont partagées.
La politique de massification que
l’Etat a adoptée est décriée par les enseignants et les parents d’élèves. M.
Fall juge inacceptable les directives données aux enseignants. « On nous
intime l’ordre de ne pas faire redoubler un enfant en classe de CI, même s’il
ne sait pas lire ». Cette politique qui vise à satisfaire les bailleurs de
fonds à travers des chiffres parfois exagérés, a fini de rabaisser
drastiquement le niveau des élèves à tout point de vue. Le recrutement des
acteurs de l’éducation aussi est pointé du doigt. L’enseignement n’est plus un
métier par option, mais un point de chute pour certains cartouchards des
universités et personnes qui n’ont pas pu réaliser leur rêve d’entame.
Un instituteur qui n’a pas de niveau
ne peut pas inculquer du savoir à un élève. Certains peinent à construire une phrase
correcte, « ils passent tout leur temps à parler Wolof dans les classes,
parfois même ils expliquent les leçons dans cette langue ». Ce constat est
de presque tous les parents d’élèves rencontrés dans la ville de Mamadou Dia.
Dès lors, un problème majeur se pose car comme le dit l’adage « on ne peut
transmettre que, ce que l’on a ». Homme du sérail, Macoumba Fall enseigne
depuis 1978. Celui qui a étudié pendant le règne de Senghor, époque où le
Sénégal était une référence en Afrique et dans le monde, dresse un bilan sombre
de la situation scolaire et accuse sans peine ses collègues. «L’absentéisme,
les récréations prolongées et la féminisation de la profession sont entre
autres les principales causes du faible niveau». Tous ces problèmes réunis, ils
conduisent inévitablement les apprenants vers des échecs et vers l’abandon.
L’Ecole élémentaire Ismaël Diop a été
créée en 1915. Elle a débuté avec deux classes. La première école de la commune
et de toute la zone compte aujourd’hui 15 classes. C’est avec fierté que Monsieur Sadikh Gueye,
le directeur cite les personnalités qui ont eu à faire leur scolarité dans son
établissement, entre autres Mamadou Dia,
Nalla Ndiaye et lui-même. Les cas d’abandon sont très élevés. «Les causes sont
souvent le manque de moyens des parents d’élèves et manque d’encadrement à
la maison». Le taux de scolarisation tourne autour de 70% dans la commune de
Khombole avec une majorité de filles. Mais à l’arrivée, beaucoup d’élèves n’achèvent
pas le cycle primaire «nous avons déjà 4 filles qui ne feront pas l’examen
faute d’extraits de naissance», se désole M. Gueye.
La majorité des parents n’ont pas été
à l’école. Cela entraîne un problème d’encadrement à la maison. Ainsi, les
enfants sont laissés à eux même. Ils passent toute la journée à errer dans les
rues et jouer au football après les cours. Ils repartent le lendemain sans
jeter un seul coup d’œil sur les leçons précédentes.
Commune depuis 1925, Khombole est un
symbole de la domination coloniale. Naturellement comme toute ancienne ville
avant les indépendances, l’école a été très tôt installée. La commune est bien
servie en infrastructures éducatives.
Elle compte 6 écoles primaires, un lycée, un collège et une école privée
catholique. Malgré ce privilège, les échecs scolaires se multiplient entraînants une régression de l’enseignement du français dans la zone.
Abdourahim Barry